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"Mon travail est tendu vers un seul but : faire comprendre que l'art et les traditions forment un ensemble
qui ne doit pas seulement figurer dans le passé, mais aussi dans le présent et l'avenir".

(Léo Lelée - Arles 1943)

Suite : Epilogue
Frédéric Mistral ayant déjà beaucoup oeuvré pour sauver le Provençal et le Costume redonnait l'envie aux "chatouno" de prendre la coiffe.
Dans ce renouveau Léo Lelée allait admirablement canaliser cet élan vers la beauté, jouant le rôle de miroir, démontrant aux Arlésiennes combien, celles qui portaient la coiffe, pouvaient être belles et admirées.
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"Et je crois bien qu'elles l'aiment, ce singulier petit homme, remuant et bavard, qui parle leur langue et s'extasie devant elles, un crayon aux doigts, et "causant toilette" avec une compétence de couturier. Tout son art est soutenu par l'érudition particulière ainsi acquise dans la société quotidienne des femmes portant le costume local, et c'est plus de vingt ans d'études patientes, constamment revues et corrigées, que représentent les derniers cartons de ce bel artiste".
"C'est pourquoi, si hardie que puisse paraître l'expression, j'oserai dire que, dans la représentation vivante du costume d'Arles que l'on admire ce premier dimanche de juillet, les silhouettes les plus pures de lignes sont incontestablement données par les "Arlésiennes de Léo Lelée".

Louis Roux Servine

Affiche Centième anniversaire de Mistral - 1930 - Col. privée Arles
Ce que l'on appelle aujourd'hui le costume d'Arles est en fait représenté par trois types bien distincts de costumes et de coiffes, costumes auxquels chacune des femmes qui se coiffe et qui s'habille apporte "sa" touche personnelle par le choix des tissus, des rubans, des dentelles, rendant ainsi unique celle qui le porte.

La Fontaine Amédé Pichot

L'arlésienne en cravate, appelée communément le costume de "Mireille", porte obligatoirement un tablier, la coiffe se compose d'un fond de coiffe ou d'un bonnet blanc en linon, en plumetis ou en mousseline blanche et d'une cravate blanche en tissu très fin puisqu'elle devra s'enrouler autour du peigne et venir se nouer en "cornette" sur le devant de la tête. L'eso (corsage) est obligatoirement noire, la jupe réalisée le plus souvent en cotonnade est plus ou moins longue selon l'âge de celle qui la porte.

L'arlésienne en ruban, coiffe ses cheveux avec des doubles bandeaux, le ruban, "lou velout" se porte sur le devant de la tête faisant apparaître "li trau", les trous, que l'on creuse grâce à l'apport d'un rectangle de carton inséré sous le ruban, créant ainsi une surface plane sur laquelle joue la lumière. Ses nuances sont assorties au costume ou bleu marine.

Longtemps le "velout" bleu marine sera le seul porté. Le ruban bicolore le remplacera majoritairement dès le règne de Maryse Orgeas, Reine d'Arles choisie par le maître en 1947, qui sera son dernier et son plus pur modèle.



L'eso peut être noire, cependant, le peintre conseille aux Arlésiennes de l'assortir à leur jupe, dans le but d'allonger la silhouette formant comme une robe. Cette "robe montante", réservée jusque là à la tenue de cérémonie, revient en force et deviendra le costume le plus connu, le plus classique de l'Arlésienne.

La jupe biaisée porte des plis couchés à l'arrière sur des fronces.

Cette tenue s'accompagnera de la Chapelle et d'un fichu qui peut être en tulle ou en mousseline brodé ou taillé dans le même tissu, tout juste festonné, ourlé ou frangé.

Le costume de l'arlésienne en Gansée ne se porte que dans les très grandes occasions. L'eso dentellé aux bas des manches et la jupe qui se termine sur l'arrière par une traîne, sont réalisés dans le même tissu précieux.

Un des nombreux panneaux didactiques réalisés en 1941 pour le Museon Arlaten
 
Tout au long des 45 années passées ici Léo Lelée avait oeuvré pour que le Costume perdure et ne se déforme pas. A plusieurs reprises il avait couché sur le papier les techniques de base d'habillage et de coiffure (La Revue d'Arles - Le Feu - Panneaux didactiques qu'il réalise en 1941 pour le Museon Arlaten ...).

Ces explications dessinées avaient servi de guide aux "nouvelles recrues", ce canevas fixerait pour l'avenir les règles à ne pas transgresser. Outre la valeur artistique et le plaisir des yeux, une grande partie de l'oeuvre de L.Lelée, est juste et instructive par rapport à la réalité du costume observé.

Il aura si précisément tracé les contours des Arlésiennes qu'aujourd'hui il est difficile de ne pas se demander si ce ne sont pas elles qui dessinent leur silhouette à la manière de Léo Lelée.

Sa venue à Arles, son amour pour l'Arlésienne, la qualité de son oeuvre ont incontestablement contribué à la survie du costume arlésien. S'il n'avait pas réussi dans son entreprise, s'il n'avait pas d'instinct choisi, ce parti de la beauté qui fait toute l'âme de l'Arlésienne - cette femme directement issue de l'antiquité, dans toute sa fierté naturelle, sa plénitude - il n'y aurait peut-être plus maintenant d'Arlésiennes ressemblant à l'Arlésienne mythique du début du siècle.

Nicole Niel - " L'Art du costume d'Arles "

 
Arlésienne au miroir - 1946 - Aquarelle - Col.Delacolette - Belgique
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